• Musée anticipé

     

    Tout à l'heure, je suis passé à la station service faire le plein de ma voiture. Pendant que le réservoir se remplissait, mon regard errait sur les autres véhicules qui faisaient la même chose, et je n'ai pu m'empêcher de me dire que cette scène pourrait être celle d'un musée du futur, rendue d'un réalisme criant grâce aux "nouvelles technologies" à venir.

     

    « Mesdames et messieurs, vous entrez ici dans la salle représentant une station-service du XXIème siècle, un endroit où les gens venaient plusieurs fois par mois remplir de carburant le réservoir de leur véhicule individuel afin de pouvoir se déplacer où ils voulaient quand ils voulaient ».

     

    Cela n'a rien à voir avec le progrès technique : le musée de l'automobile de Mulhouse, par exemple, montre l'évolution des voitures depuis l'origine, mais le point commun entre ces objets fort différents entre eux, c'est que tous utilisent un carburant. Je ne sais ce que seront les moyens de transport de demain, mais ils ne seront plus propulsés par des moteurs à combustion interne comme ceux du musée de Mulhouse. Ce type de véhicules aura définitivement disparu, du moins pour les déplacements individuels.

     

    Du coup, j'ai regardé ma voiture d'un autre oeil, non comme un objet commun de mon environnement habituel, quelque chose dont on se sert mais qu'on ne regarde pas, mais comme un objet de musée représentatif d'une époque disparue. Cela m'a fait drôle : se projeter dans le futur pour imaginer que les objets d’aujourd’hui sont des reliques du passé, est une expérience importante pour être attentif à ce qui nous entoure...Depuis, je ne regarde plus ma voiture de la même façon...

     

    Prolongeant ma réflexion, je me suis dit que je pourrais en dire autant de tous les produits qui nous environnent et qui, tous ou presque, font appel au pétrole pour exister : les vêtements, les moissonneuses batteuses, les objets en plastique, les avions, etc etc. En effet, quand il n'y aura plus de pétrole, dans quelques années, ou que celui-ci sera devenu tellement cher que seuls les plus riches pourront continuer d'en consommer, tous ces objets auront vécu, et la civilisation n’aura plus du tout l’aspect de celle d’aujourd’hui.

     

    Il va falloir que je bichonne ma bagnole, futur objet de musée, complètement obsolete pour nos descendants, relique d'un futur anticipé, représentant présent d'un passé prévisible...

     

     

    « "Une relation dangereuse" roman de Douglas KennedyLe hasard et la nécessité »

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  • Commentaires

    1
    lulette Profil de lulette
    Jeudi 15 Novembre 2012 à 19:04

    jolie manière de regarder notre présent!

    Il est vrai que l'on a plus souvent tendance à comparer notre présent avec le passé ;  je m'amuse parfois à m'imaginer Mozart débarquant à une Love Parade ou un homme préhistorique atterrissant ne serait-ce que dans un village ...

    Mais se voir soi-même comme le futur préhistorique, c'est rigolo, et ... intéressant!

    2
    Jean-Jacques Profil de Jean-Jacques
    Vendredi 16 Novembre 2012 à 22:53

    La "modernité", comme on dit, n'a qu'un temps ! Il faut juste s'en rendre compte en temps voulu.

    3
    Lundi 10 Décembre 2012 à 23:04
    Pastellle

    Comme Lulette je me livre souvent à ce petit jeu, amusant comme tout. 

    Un livre a été écrit sur ce thème, un roman très facile, un peu eau de rose, mais qui m'a fait passer un bon moment. L'histoire de H.G. Wells, sautant dans sa machine à remonter le temps pour passer de 1893 à 1980, à la poursuite de Jack l'éventreur. Au delà de l'histoire un peu capilotractée, j'ai surtout aimé ce regard décalé sur notre société, tout comme ton regard sur la station service. Et souvent, quand j'y pense, je regarde les choses différemment.  :)

    PS : J'aime aussi beaucoup la présentation de ce blog, et me sens totalement en phase avec ta conception de la procastination. Mébon, j'ai commenté tout de suite, c'est bien, non ? ;)

     

    4
    Jean-Jacques Profil de Jean-Jacques
    Mercredi 12 Décembre 2012 à 18:26

    C'est très bien Pastelle de commenter tout de suite sans trop réfléchir. Sinon, en effet, on se met à procrastiner, c'est à dire qu'on cherche alors la perfection des belles phrases et la pensée profonde, et on finit par ne rien faire, comme il se doit !

    Quant au livre dont tu parles, je me souviens bien du film qui en est sans doute tiré, mais je n'avais pas remarqué le décalage que tu signales. Faudra que je j'essaie de le revoir. Tiens, je vais mettre ça sur ma liste des choses à faire...

    5
    Vendredi 20 Février 2015 à 17:00

    Et bien le jour ou les voitures n'auront plus besoin de carburant, cela voudra dire que la notion même de besoin aura disparu, et que nous n'aurons plus besoin de voiture.

    Nous serons notre propre véhicule, nous nous déplacerons avec la force de notre pensée.

    Peut-être même ne serons nous plus car nous n'aurons, par introjection du phénomène de "voiture sans carburant", nous non plus besoin de nourriture.

    Plus de besoin, plus de déchets, plus de ramassettes, plus de papier, donc restera t'il des êtres humains dans un monde sans physiologie, sans tube digestif, sans poumons.....peut-être l'étape suivante de notre monde;

    rien de neuf, dans tout cela....bon je m'en retourne sur ma planète dans un micron de seconde.

    CIAO JJ

    6
    Jeudi 9 Juillet 2015 à 21:21

    jean-jacques, y es-tu?

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