• La liberté, au moins au niveau de la pensée, est une donnée a priori.

    En effet, si je suis libre de mes pensées, ce que j’écris là a une signification. Si je ne suis pas libre, si ce que j’écris n’est que le résultat de mécanismes reliant les causes aux effets, alors cela n’a aucune valeur, ne signifie rien, si ce n’est l’existence du déterminisme.

    Par conséquent, si je veux que mes pensées présentent la moindre valeur, je dois CROIRE à la liberté individuelle. Sinon, pourquoi écrire ? Pourquoi penser ? Pourquoi ne pas faire n’importe quoi ?

    La liberté transcende la causalité et tout ce qui est matériel. D’ailleurs, on ne peut penser autrement : si mes pensées ne sont que le fruit  du jeu des causes et des effets, comment démontrer que je ne suis pas libre si je ne suis pas d’abord libre moi-même ? Le principe de non-contradiction s’applique ici et nécessite que la liberté soit une donnée première. On ne peut rien dire de cohérent s’il n’en est pas ainsi.

    Une autre manière, plus « moderne », de réfléchir à ce sujet, est de s’appuyer sur les développements assez récents de la théorie de la complexité et de la notion d’émergence. L’évolution d’un phénomène déterministe, obéissant aux lois de la physique et du monde matériel, est le fruit d’interactions complexes où interviennent d’innombrables variables, et ne peut être prédite à l’avance, même sur le plan théorique. Le comportement de ce phénomène « émerge » de la complexité du monde. Cependant, cela ne suffit pas : à ce compte là, les prévisions météorologiques pourraient être qualifiées de « libres », ce qui est absurde. Il faut alors réfléchir sur trois plans :

    1. Le déterminisme, la causalité, la non-linéarité des lois, peuvent conduire à des phénomènes chaotiques non prédictibles. On reste dans le domaine de la physique et du monde matériel, avec simplement un regard différent ;
    2. Le hasard : quelle différence faire entre un phénomène purement aléatoire et un phénomène chaotique ? Ceci est à approfondir sérieusement, car les raisonnements à ce sujet ne sont pas évidents. On reste néanmoins dans le cadre du monde matériel, observable en utilisant la méthode scientifique ;
    3. La conscience : cette fois, on sort de la matérialité, même si on pense que la conscience (humaine) n’est qu’une « émergence » de la complexité matérielle. Ici aussi une réflexion neuve et approfondie est nécessaire, car définir ce qu’est la conscience, de manière objective, est une tâche très difficile, voire impossible. On sait, on sent intuitivement ce que c’est, mais la définir précisément avec des mots aboutit toujours à quelque chose d’insatisfaisant, de la même manière que Saint Augustin essayait de définir le temps.

    On peut aussi y joindre une réflexion sur la vie et les phénomènes vitaux : ne sont-ils le fruit que d’interactions matérielles entre atomes et molécules ? Sinon, qu’est ce qui les différencie des phénomènes physiques régissant la matière inerte ? La conscience est-elle obligatoirement liée à la vie ?

    Et, pour revenir à cette notion de liberté, celle-ci est-elle le fruit de la conscience chez les êtres vivants ?

     

    Matière--->  vie--->  conscience--->  liberté

    Déterminisme---> Hasard---> Complexité---> Emergence

     

               
           
           
     
     

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  • Marie-Odile m’a prêté (ou donné ?) récemment un exemplaire de la revue « Connaître », organe semestriel de l’association « Foi et culture scientifique », affiliée au réseau Blaise Pascal. Ce numéro (36-37) de décembre 2011 retranscrit les actes du colloque « L’humanité de l’homme bouleversée par les neurosciences ? » qui s’est déroulé en avril 2011.

    J'y ai noté plusieurs choses concernant les notions de déterminisme et de liberté.

    Déterminisme et liberté

    C’est le cœur du sujet traité par Bernard Feltz[1]. C’est aussi une partie importante du sujet que j’introduirai au début de 2013 au Café-Débat sous le titre : « Quelle est la place du hasard dans notre vie ? »

    Il a trait à une problématique qui m’intéresse depuis longtemps, sur laquelle j’ai déjà écrit un peu, et que je souhaite approfondir. J’y retrouve notamment un point qui m’interroge beaucoup : pourquoi les plus éminentes personnes traitant de ce sujet semblent-elles toujours confondre l’impossibilité pour l’homme de prédire le futur, avec une forme d’indéterminisme, voire de hasard ? Par exemple, il dit, page 35 :

    «  Le déterminisme au niveau microscopique est parfaitement compatible avec une imprédictibilité au niveau macroscopique. »

    C’est exactement la même question qui est énoncée dans l’étude du « chaos déterministe » : ne pas être en mesure de prévoir le comportement d’un système en raison de la sensibilité aux conditions initiales, semble très souvent être assimilé à un comportement aléatoire, ce qui n’est pas le cas.

    Mais reprenons ce que dit Bernard Feltz :

    « Chercher à expliquer, pour le neuroscientifique, revient à tenter de mettre en évidence un lien de causalité entre le fonctionnement du système nerveux et le comportement de l’individu. »

    Il en déduit ensuite que :

    « …(ceci) touche au fondement de notre conception de l’humain : en quel sens peut-on parler d’individu libre, si on prend au sérieux les déterminations corporelles du comportement ? »

    tout en donnant à la liberté cette définition avec laquelle je ne suis pas d’accord :

    « Le concept de liberté ou de libre-arbitre renvoie à cette impossibilité de prédiction associée à la complexité du système nerveux ».

    Je ne vois pas du tout pourquoi la plupart des auteurs relient l’impossibilité de prévoir soit à l’existence d’une liberté de l’homme, soit à une remise en cause de la causalité, fût-ce au niveau macroscopique uniquement.

    Dans cette conférence, Bernard Feltz ne propose pas une nouvelle approche de la question de la liberté. Il énonce diverses positions anciennes ou plus récentes, et les étudie à la lumière des avancées des neurosciences.

    L’approche de Henri Atlan :

    Bernard Feltz commence, je ne sais trop pourquoi, par la thèse de Henri Atlan qui s’appuie, pour sa démonstration, sur le fonctionnement d’un réseau booléen ( "réseau de neurones") qui serait l’archétype simpliste du fonctionnement du cerveau. C’est une approche voisine de celle du chaos déterministe : dès que le réseau comporte trop d’automates, même si le comportement de ces automates est absolument déterministe, on ne peut plus à un moment donné prédire l’état du système global, c’est trop compliqué pour être accessible aux calculs. Selon la disposition des entrées, on constate qu'une partie du système se stabilise, le reste demeurant instable et fluctuant, sans qu’on puisse dire pourquoi ni comment.

    Il en tire deux conclusions :

    • La stabilité ou l’instabilité sont des propriétés émergentes, qui existent au macroniveau sans pouvoir être déduites des propriétés des automates eux-mêmes. Il s’agit « d’auto-organisation ». Le déterminisme du microniveau engendre des propriétés nouvelles au macroniveau ;
    • Cette nouveauté n’en est une que parce qu’elle n’est pas calculable, donc prévisible : l’émergence n’est que le reflet de notre impossibilité de prédire le comportement d’un ensemble très complexe : « l’auto-organisation, c’est l’émergence de propriétés nouvelles, imprédictibles, au sein d’un système déterministe ».

    Cette manière de voir les choses ne me satisfait pas du tout. D’abord, si on a un réseau de 20 x 20 automates, on peut calculer l’évolution du système, qui est donc parfaitement prédictible. On peut donc dire, selon Atlan, qu’il n’y a rien de nouveau, puisqu’on déduit tout cela, par le calcul, des conditions initiales et des connexions entre automates. Mais si on passe à 1000 x 1000, on ne peut plus calculer l’évolution du système, et par conséquent, puisque c’est imprédictible, on constate l’état du réseau et on dit que c’est nouveau ! Le fait de pouvoir calculer ou pas un état macroscopique ne change pourtant rien, il n’y a pas de différence de nature entre le 20 x 20 et le 1000 x 1000, mais simplement une limitation de nos moyens pour calculer ce qui se passe.

    Par conséquent, déduire de ce raisonnement que « le concept de liberté ou de libre-arbitre renvoie à cette impossibilité de prédiction associée à la complexité du système nerveux » me semble abusif. Une analogie, ou un exemple bien choisi n’ont jamais remplacé une démonstration. Cela voudrait dire que notre liberté résulte dans le fait de ne pas savoir pourquoi on agit, alors qu’en fait, si on pouvait tout calculer, elle n’existerait pas, n’étant que le résultat d’un enchaînement de causes et d’effets parfaitement déterministes. Notre liberté ne serait ainsi qu’illusoire, fruit de la complexité des interactions neuronales ?

    La position de H.Atlan se rapproche de celle de Spinoza, lequel dit que le déterminisme intégral rend la science possible, et renvoie à l’omniscience de Dieu : Dieu sait tout, mais l’homme ne le peut et en ce sens sa liberté est illusoire, mais c’est une illusion nécessaire.



    [1] Bernard Feltz : Docteur en philosophie, professeur à l’Université Catholique de Louvain. Spécialisé dans les études philosophiques de la biologie.


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  • Hier soir, France 2 a eu la bonne idée de consacrer sa soirée à l’autisme, au travers d’une fiction documentaire « Le cerveau d’Hugo » suivie d’un débat. C’était sans doute sa contribution à : « Autisme grande cause nationale 2012 ».

    Malheureusement cet ensemble a péché par deux défauts majeurs.

    Tout d’abord, le documentaire, bien que de très bonne tenue et vraiment intéressant, ne concernait que les personnes atteintes du syndrome d’Asperger, la forme la moins répandue de l’autisme (15% de l’ensemble), mais la plus médiatique en raison des caractéristiques des personnes qui en sont atteintes. Les « Asperger » sont en général très intelligents, parlent de manière extrêmement recherchée et possèdent souvent un talent remarquable dans un créneau étroit (calcul, musique, dessin, …). Ce sont des « autistes de haut niveau », dont l’archétype a été joué par Dustin Hoffmann dans « Rainman » il y a quelques années. Ils ne sont malheureusement pas représentatifs de la majorité des personnes autistes, la plupart du temps gravement affectées de pathologies connexes telles que épilepsie, retard mental, et diverses formes de handicaps physiques. On a donc eu droit à une émission sur le syndrome d’Asperger, ce qui n’est pas répréhensible, à condition de le dire clairement, car autrement le téléspectateur risque fort d'assimiler l'autisme à une manière d'être un peu spéciale de gens très intelligents, ce qui est vraiment loin de la réalité. J'en ai fait déjà l'expérience il y a quelques années, lorsque, après avoir vu "Rainman", une de mes amies m'a fait la réflexion suivante : "Tu as de la chance d'avoir une fille autiste, elle doit avoir des talents extraordinaires". J'avais eu beaucoup de mal à avaler cette remarque, ma fille n'est pas "Asperger", hélas...

    Ensuite, le débat, mené par l’ineffable Benoît Duquesne,  a été, de mon point de vue, détestable pour beaucoup de raisons :

    -       comme le film, le débat a également fait l’impasse sur les autres formes d’autisme, qui, visiblement n’intéressaient pas le journaliste ;

    -       donner à l’émission le titre accrocheur : « Autisme, le scandale français » revenait à savoir à l’avance qu’on allait flinguer quelqu’un, c'était le piment pour faire de l’audience ;

    -       focaliser encore une fois les attaques sur les psychanalystes conduisait à mener un combat d’arrière-garde, la psychanalyse étant très nettement et heureusement en perte de vitesse depuis quelques années dans notre pays. On aurait mieux utilisé le temps disponible à parler plus en profondeur des résultats des recherches actuelles, et à demander à la ministre le contenu précis du troisième plan autisme qui sera lancé en début 2013 ;

    -      des tas de choses ont été dites de telle manière que l’auditeur moyen les a certainement comprises de travers. La plus criante, malgré le timide essai de la neurologue présente pour rétablir les choses, a été de faire croire qu’il n’y avait que 23 établissements en France, chacun d’une vingtaine de places, accueillant en internat des personnes autistes, alors qu’il ne s’agit que de structures expérimentales pour évaluer les méthodes comportementalistes telles que ABA ou PECS. Il y a par ailleurs des centaines d’établissements et de structures accueillant, en internat ou en externat, les personnes autistes : MAS, FAM, IME, SESSAD[1], etc, dont il n'a absolument pas été question. Mais évidemment, pour Duquesne, cela fait partie du « scandale français » qu’il voulait absolument dénoncer…Décidément, rechercher la vérité, ou même faire preuve d’un minimum d’objectivité, n’est pas la caractéristique de ce monsieur ;

    -      les parents présents n’ont pas vraiment cherché non plus à contrer les allégations de Duquesne. Si on peut les féliciter d’avoir su mener avec courage la création de structures ou d’associations de défense qui n’auraient pas vu le jour sans eux, il n’a pas été dit que pratiquement tous les établissements accueillant des personnes autistes, et même plus largement, des personnes handicapées, sont le fait d’initiatives individuelles. Chacun voit d'abord son petit univers personnel, et c’est bien dommage.

    -       enfin, autant Duquesne a laissé parler les parents quand ils dénonçaient toutes les difficultés auxquelles ils se sont heurtés, soit à titre personnel avec leur propre enfant, soit dans la réalisation de leur projet, autant il n’a cessé d’interrompre les représentants des pouvoirs publics quand ceux-ci tentaient de dresser un bilan de l’évolution des choses depuis dix ans et d’expliquer ce qu’ils voulaient faire dans les années qui viennent. Encore une fois, il s’agissait de prouver que les pouvoirs publics, en France, ne font rien et continuent de ne pas faire grand-chose. Le scandale français, quoi.



    [1] MAS : Maison d’accueil spécialisée, pour les autistes lourdement handicapés

       FAM : Foyer d’accueil médicalisé, pour les personnes ayant de fortes déficiences

       IME : Institut médico-éducatif, pour les enfants autistes

       SESSAD : Service d’éducation spéciale et de soins à domicile


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    J’écoutais hier soir un reportage à propos de la campagne présidentielle aux USA, dans lequel il était question de la quasi inexistence de débat concernant l’usage des armes à feu, en raison de l’attachement qualifié de « viscéral » des américains à la possibilité de détenir  une arme et de l’acheter sans formalités contraignantes chez l’armurier du coin. Les raisons invoquées par les intéressés étaient variées : « C’est une liberté fondamentale non négociable », disait l’un. « C’est pour me défendre, je suis plus rassurée avec un pistolet dans mon sac à main », disait l’autre. Ou encore : « Tout le monde en a une, alors pourquoi pas moi ». Et lorsque le journaliste évoquait le chiffre de 40000 morts par ces armes à feu en vente libre par an, cela ne semblait émouvoir personne : « C’est dans notre culture »…

    Je me suis dit que cette « culture » était en fait une survivance abusive issue d’une époque, celle de la conquête de l’ouest au XIXème siècle, où cela était tout à fait justifié, dans un pays peu sûr, peu peuplé, où blancs et indiens se faisaient la guerre. Aujourd’hui, on n’est plus dans cette situation, depuis longtemps, mais au nom de la « culture » on a conservé une coutume devenue très dangereuse.

    Elargissant la réflexion, cela m’a paru tout à fait comparable aux survivances de coutumes diverses mais très nombreuses figurant dans les livres sacrés des religions, qui aboutissent à des absurdités au jour d’aujourd’hui. Ces coutumes, mises en place pour de bonnes raisons chez des peuplades peu nombreuses habitant des contrées désertiques, souvent nomades, au sein d’une civilisation où la technique n’existait quasiment pas et où les mœurs étaient brutales, sont devenues presque toutes obsolètes, et pourtant elles continuent  de rester en vigueur sans grand changement, comme si rien n’avait changé depuis 2000 ans. C’est là qu’on peut vraiment saisir la nocivité des coutumes religieuses, qui conduisent, si on les observe à la lettre, à une stagnation de la civilisation et à la négation du progrès. Les coutumes religieuses, la « culture religieuse », prises au pied de la lettre, figent l’évolution.

    C’est cela, l’attachement d’un peuple, ou d’une communauté religieuse, à sa culture ?


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    Depuis le temps que j'entendais parler du livre de Jacques Monod, il fallait bien que je me décide à le lire !

     

    Et je vais même  en parler tout de suite, bien que je n'aie pas encore fini de le lire, pour au moins deux raisons : j'avais une idée reçue à son propos, celle d'un livre visant à "démontrer" l'athéisme en s'appuyant sur l'étude de la biologie et des mécanismes liés à la vie ; et d'autre part, j'imaginais que c'était un essai de nature philosophique.

     

    Alors que j'en suis aux deux tiers du livre, je peux déjà dire que ces deux idées sont fausses, ou du moins méritent d'être fortement nuancées :

     

    - il n'y est absolument pas question de Dieu. C'est une réflexion sur la manière dont fonctionnent les êtres vivants, et Monod s'attache à montrer que tout ce que l'on constate s'explique à partir des lois de la physique et de la chimie, nul besoin de faire appel à d'autres hypothèses telle que celle de "l'élan vital" de Bergson, ou plus généralement des théories vitalistes, qui postulent une différence fondamentale entre matière vivante et matière inerte, ou encore  celle du "point oméga" de Teilhard de Chardin, plus poétique que scientifique, ou même sur un autre plan, celle du matérialisme dialectique de Marx et Engels visant à critiquer l’interprétation des phénomènes constatés par la science.

     

    - les réflexions de nature philosophique sont, en nombre de pages, bien moins importantes que les développements expliquant le rôle des protéines dans le fonctionnement de la matière vivante. C'est presque un cours de biologie moléculaire, et il faut vraiment s'accrocher pour bien comprendre ce qu'il écrit, par exemple sur les enzymes allostériques, la forme des protéines, plus importante même que leur composition chimique, la régulation de réactions extrêmement complexes et pourtant d'une stabilité incroyable...Je pense qu'à l'issue de ma lecture je reprendrai certains chapitres pour être sûr d'avoir bien compris la démonstration, qui va aboutir au fait que, pour que la vie soit ce qu'elle est, se propage et évolue, il est nécessaire que le hasard intervienne dans un processus par ailleurs déterministe.

     

    Néanmoins, j'ai d'ores et déjà une critique sur une partie de son approche : Monod se range résolument du côté des réductionnistes, ceux qui disent que, pour comprendre comment fonctionne un système, il faut le décomposer de proche en proche en éléments de plus en plus simples, et le reconstruire ensuite. Il dit même explicitement, que les propriétés de la vie sont sous-jacentes, contenues de manière implicite, dans les molécules qui constituent la matière vivante et leurs lois d'interaction. Il réfute radicalement l'approche "holiste", celle qui prétend étudier un système de manière globale, un système complexe étant plus que la somme de ses parties et ne pouvant donc être expliqué par la simple addition de ses composants.

     

    Or il me semble bien que, depuis que ce livre a été écrit, il y a plus de quarante ans, l'approche systémique a au contraire pris le pas sur le réductionnisme pur et dur. On parle aujourd'hui de la "complexité", qui devient une science en soi, avec ses laboratoires et ses prix Nobel (par exemple Robert Laughlin), et on étudie les propriétés "émergentes" des systèmes complexes, celles qui ne peuvent pas être déduites du simple assemblage de constituants simples. De nouvelles propriétés émergent de la complexité, on parle de "chaos déterministe" (bel oxymore !), on étudie la "relativité d'échelle" (propriétés différentes selon l'échelle à laquelle on étudie les phénomènes), etc. Et il faudrait aussi pouvoir faire le point sur les progrès de la biologie moléculaire depuis Monod, pour savoir si ceux-ci sont de nature à infirmer ou nuancer les conclusions de son essai.

    Je reviendrai certainement sur ce livre quand je l’aurai terminé

     

     


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