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Réflexions critiques
Lorsqu'on écrit pour soi ou pour un petit groupe, il est difficile d'avoir une vision claire de la valeur de ses textes. Si l'on se penche soi-même sur ce qu'on a écrit, on ne peut avoir un regard neutre et objectif : l'impression que l'on ressent va du désespoir le plus complet (« Comment ai-je pu écrire quelque chose d'aussi mauvais ? ») jusqu'à la béate satisfaction liée à la conscience de sa juste valeur (« C'est encore meilleur que ce que je pensais ! »). Et lorsqu'on demande un avis aux quelques personnes qui ont pu lire certains textes, il est difficile de leur faire confiance : si c'est bon, on sentira peut-être un ton de sincérité derrière la signification de ce qui est dit, mais si c'est mauvais, personne ne se risquera à émettre un jugement clairement négatif, de peur, soit de blesser l'autre, soit de se faire soudainement un ennemi mortel d'une personne rangée jusque là au rang de ses amis. Il en résulte que le contenu de l'avis critique d'un amateur sur une production littéraire amateur n'a pas beaucoup de signification, la vérité se cachant surtout dans les nuances de l'expression, dans la généralité des phrases employées ou dans la brièveté sèche de l'avis.
En tant qu'amateurs, nous ne sommes pas dans la position de Françoise Sagan dont les livres, lus par des milliers de personnes, ont fait l'objet de critiques littéraires approfondies dans des revues ou des magazines. Un critique littéraire appointé dira généralement ce qu'il pense sans trop se soucier de l'effet produit sur l'auteur, ou bien il accentuera sciemment, dans un sens ou dans l'autre, la réalité de ce qu'il pense vraiment, ne serait-ce que pour se démarquer de la concurrence des autres critiques.
Alors, quel texte ai-je écrit que je juge bon ou mauvais ? J'ai retrouvé il y a quelque temps des petits « texticules » écrits après avoir lu un recueil d'un auteur dont j'ai oublié le nom, dont le titre était peut-être « Crimes imaginaires ». C'était ultra court, frappant, et très amusant, et j'ai voulu faire pareil : après tout, jeter quelques lignes sur le papier, ce n'est pas fatigant, et on peut les oublier si c'est mauvais. Mais, les ayant exhumés, je les ai relus, et les ai trouvés très drôles, comme si ce n'était pas moi qui les avais écrits. Si cela intéresse un critique amateur pas forcément porté sur la rigolade, on peut aller ici : « Les écrivains amateur d'Eure et Loir » et faire ensuite une critique acerbe, acérée, au vitriol, condescendante, à casser l'applaudimètre, mais pas convenue, ni neutre, ni dégoulinante, ni simplement gentille...
En voici un :
« De temps en temps, il faut que je tue quelqu’un, parce que ça me soulage. Maintenant, cela va bien, mais je n’ai plus beaucoup d’amis… »
Pas trop long ? Pas trop dur à lire ? Pas trop immoral ?
Autocritique : cela ne va pas bien loin, on peut sourire, rester de marbre ou ne pas comprendre, mais il est clair que cela ne m'a pas coûté beaucoup d'efforts de construction ni de recherche de style ou de vocabulaire. Un amusement sans prétention, c'est tout...
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